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Bain Royal

PERSONNAGES (X10) :

LE ROI LOUIS XIV

UN VALET

UN MEDECIN

UN BARBIER

UNE SERVANTE

LE GRAND MAITRE DE LA GARDE ROBE

DE LOUVOIS SECRETAIRE D’ETAT DE LA GUERRE

COLBERT MINISTRE DES FINANCES

VAUBAN INGENIEUR, ARCHITECTE MILITAIRE

LA REINE MARIE THERESE D’AUTRICHE

SYNOPSIS :

C EST LE JOUR DU BAIN SEMESTRIEL POUR LE ROI LOUIS XIV MAIS CE DERNIER N’A PAS ENVIE DE LE PRENDRE. AVEC LA COMPLICITE DE SES FIDELES SUJETS, IL VA ESSAYER D’ECHAPPER A CETTE CORVEE, MAIS LA REINE NE L ENTEND PAS AINSI, QUI VA AVOIR LE DERNIER MOT ?

DECORS :

LA CHAMBRE ROYALE ET LE CABINET DE TRAVAIL DU ROI

PIECE EN DEUX ACTES

ACTE 1

DECOR :

LA CHAMBRE ROYALE : un lit, un fauteuil, une table, un miroir,

PERSONNAGES :  

LE ROI, LE VALET, LE MEDECIN, LE BARBIER, LA SERVANTE, LE GRAND-MAÎTRE DE LA GARDE-ROBE

MUSIQUE :

(LE ROI EST DANS SON LIT, IL DORT, IL A UN BONNET DE NUIT SUR LA TETE, LE VALET ENTRE AVEC UNE SONNETTE ET L’AGITE, IL S’APPROCHE DU LIT)

LE VALET :

(En murmurant)

Sire, voilà l’heure…

LE ROI :

(En se réveillant et s’étirant)

En voilà une heure pour me réveiller…

LE VALET :

(Se rapprochant du Roi)

Votre Altesse n’a pas oublié ?

LE ROI :

 (En se grattant la tête)

Oublié quoi ?

LE VALET :

Eh bien aujourd’hui est un jour spécial…

LE ROI :

Spécial en quoi ?  

LE VALET :

C’est le jour du bain…

LE ROI :

Déjà… vous êtes sûr ?

LE VALET :

Oui le dernier c’était…il y a 6 mois…d’ailleurs cela commence à se voir… et à se sentir…(En balayant sa main devant son nez)

LE ROI :

Pour le bain on verra plus tard…

(Il s’assoit au bord du lit le valet lui met ses chaussons aux pieds)

Je ne suis pas sûr que cela soit bien nécessaire

(En se sentant sous les bras)

Je pense qu’il y a des choses plus importantes à faire aujourd’hui…

(Il se lève et va s’asseoir sur son fauteuil…)

LE VALET :

(En ôtant le bonnet de nuit et en mettant la perruque au roi)

Si son altesse ne prend pas son bain aujourd’hui…la reine ne va pas être contente…c’est elle qui a insisté pour le bain…

LE ROI :

(En se regardant dans le miroir)

La Reine, la Reine…je m’en accommoderai… après tout ce n’est pas elle qui décide ici…c’est quand même moi le roi…

LE VALET :

(D’un air pas convaincu)

C’est son altesse qui décide mais je vous aurai prévenu.

(il sort)

LE MEDECIN :

(Entrant dans la chambre)

Mes hommages du matin Louis

LE ROI :

Vous arrivez à point nommé…

LE MEDECIN :

(S’approchant du roi pour l’examiner)

Je suis toujours là quand il faut c’est ce qui me rend indispensable.

Alors comment il va le Louis ce matin?

Il est en forme ?

Il a passé une bonne nuit ?

LE ROI :

 La nuit a été bonne…bien qu’un peu courte…Il va bien, il se sent très bien…quoiqu’un peu contrarié…

LE MEDECIN :

Tant mieux s’il a bien dormi…comme je lui dis toujours, pour la récupération, le plus précieux c’est quand le Louis dort

(Il commence à l’examiner, il regarde ses oreilles)

Il va bien, il va bien… c’est à moi de le dire ça…voyons voir comment va l’ouïe

LE ROI :

(Etonné)

Mais il va bien…il vient de vous le dire !

LE MEDECIN :

Certes Louis…mais l’ouïe est-elle bonne ?

LE ROI :

Plait-il ?

LE MEDECIN :

Oui, l’ouïe de Louis !

(il lui crie dans l’oreille)

Un, deux, trois…un, deux, trois

LE ROI :

(En se reculant)

Mais ne criait pas comme ça, Louis n’est pas sourd !

LE MEDECIN :

Il n’est pas sourd, il n’est pas sourd… en est-il sûr ?

LE ROI :

(En haussant le ton)

Il n’est pas sourd, il en est sûr et vous vous êtes lourd !

LE MEDECIN :

Arrêtez de crier comme ça, ce n’est pas bon pour votre cœur et en plus je ne peux rien voir quand Louis braille

(Il lui fait ouvrir la bouche et regarde ses dents)

Il se sent bien… il se sent bien…(En balayant sa main devant son nez) il sent bien en tout cas

A quand remonte son dernier bain ?

LE ROI :

 Vous aussi…décidément vous avez tous ce mot à la bouche aujourd’hui…vous n’auriez pas vu la reine avant de venir par hasard ?

LE MEDECIN :

La Marie Thérèse…Non pourquoi ?

LE ROI :

La reine voudrait que je prenne mon bain aujourd’hui alors que j’en ai déjà pris un il y a, à peine 6 mo…heu quelques semaines… l’idée est plutôt saugrenue vous ne trouvez pas ? … d’ailleurs je compte sur vous pour lui expliquer que le bain c’est mauvais pour la santé

LE MEDECIN :

(Embarrassé)

Le bain n’est peut-être pas une si mauvaise idée…cela redonnerait un bon coup d’éclat à notre bon roi soleil…

LE ROI :

Et ma santé ?vous le médecin, vous y pensez à ma santé ?…ce n’est pas moi qui vais vous apprendre que l’eau transporte toutes sortes de microbes et de maladies mortelles qui peuvent passer à travers les pores de la peau…vous voulez ma mort où quoi ?

LE MEDECIN :

Certes,… mais un tout petit bain juste pour faire disparaître cette odeur désagréable qui l’entoure et soulager également sa cour…cela ne peut pas lui faire de mal au Louis.

LE ROI :

Quelle odeur ? (En se sentant les bras, les mains)  je ne sens rien moi…

LE MEDECIN :

Rien ? Vraiment il ne sent rien ? Il est peut-être enrhumé ou bien couve-t-il une grippe ?

Il a peut-être besoin d’une petite saignée…

LE ROI :

Attendez (il agite les bras et sent l’air), oui…peut-être…mais si peu…un petit coup de parfum et cela n’y paraîtra plus…tranquille pour quelques mois encore.

Voilà une affaire de réglée.

En tant que premier médecin du royaume, je vous laisse le soin d’aller expliquer cela à la reine…

LE MEDECIN :

Très bien Louis… j’espère arriver à la convaincre la Marie Thérèse… mais…je le sens mal…

LE ROI :

(Agacé)

C’est bizarre tout de même !

Qu’avez-vous donc avec les odeurs aujourd’hui !

LE MEDECIN :

Bizarre, vous avez dit bizarre ?

LE ROI 

Moi, j’ai dit bizarre, comme c’est étrange ! Pourquoi aurais-je dit bizarre ?

LE MEDECIN :

Je vous assure mon cher Louis, que vous avez dit bizarre,

LE ROI :

Moi, j’ai dit bizarre, comme c’est bizarre !

LE MEDECIN :

(Il lui touche l’estomac)

Et là, est-ce que ça vous chatouille, ou est-ce que ça vous gratouille ?

LE ROI :

Ni l’un, ni l’autre

LE MEDECIN :

Bien… Louis…Jouvet, heu… j’y vais car il faut que je retourne chez Molière

LE ROI :

Il est souffrant ?

LE MEDECIN :

Non il veut me voir au sujet d’un projet de pièce sur un Médecin qui ne l’est pas vraiment…

LE ROI :

Un médecin Malgré Lui en quelque sorte…un peu comme vous…n’oubliez pas d’aller voir la Reine et soyez convaincant pour une fois. (Le Médecin sort)

LE BARBIER :

(Rentre avec un peigne et un ciseau à la main)

C’est l’heure de coiffer votre Majesté

LE ROI :

(Contrarié)

Faites donc votre besogne, et appliquez-vous…

LE BARBIER :

On coiffe comme d’habitude, au dessus tout dans le volume et sur les côtés un léger dégradé avec de petites mèches…la coupe solaire quoi…

LE ROI :

Oui c’est ça quelque chose qui en impose et que l’on voit de loin…qui me ressemble quoi

LE BARBIER :

(En coiffant le roi il se met à grimacer et à sentir l’air puis la tête du roi)

Vous ne trouvez pas que ça sent bizarre ici ?

LE ROI :

(En colère)

Stop ! Vous n’allez pas vous y mettre vous aussi, coiffez-moi en silence pour une fois…j’ai besoin de réfléchir…et n’oubliez pas le parfum.

LE BARBIER

(Tout en continuant de coiffer le roi)

C’est une belle journée qui s’annonce…ensoleillée…radieuse…comme vous sire…Afin de mieux en profiter voulez-vous que j’ouvre les fenêtres ?

LE ROI :

Pas avant d’en avoir fini avec ma coiffure

LE BARBIER :

(Laissant tomber peigne et ciseau)

Ça y est, j’ai fini

(Il court vers la fenêtre, l’ouvre et respire pleinement l’air extérieur)

LA SERVANTE :

(Rentre avec un plateau et un bol)

Le déjeuner de votre majesté est servi…si votre majesté veut bien prendre la peine (Elle pose le plateau devant le Roi)

(Elle voit le barbier à la fenêtre et s’adresse à lui)

Mais que faites vous devant cette fenêtre ?

Vous n’allez pas sauter tout de même…

(Le roi prend le bol et commence à boire)

LE BARBIER :

Non rassurez-vous, je prends juste un bain… de soleil…

LE ROI :

(Le roi fait mine de s’étouffer et repose le bol)

Mais je suis victime d’un complot… (s’adressant au barbier) sortez où c’est moi qui vous passe par la fenêtre…

LE BARBIER :

(Etonné et craintif)

Mais qu’est ce que j’ai encore dit ?

LA SERVANTE :

Ah non, ne faites pas ça sire… car après c’est moi qui nettoie la cour…à propos de nettoyage…il faudrait peut-être que je m’occupe de la chambre de votre altesse…ça sent le renfermé là-dedans… (s’adressant au barbier) vous ne trouvez pas…

LE BARBIER :

(En sortant)

 Heu …non, non…

LA SERVANTE :

Pour le dîner votre altesse a-t-elle une préférence ?

Que j’en informe les cuisines.

(Elle reste sur scène et attend)

LE GRAND-MAITRE DE LA GARDE-ROBE :

(Il entre avec des vêtements sur le bras)

Sire mes hommages du matin, j’ai pensé que pour aujourd’hui un petit justaucorps à brevet irait très bien avec cette journée.

LE ROI :

Ne craignez-vous pas que cela soit un peu fade comme tenue?

LE GRAND-MAITRE DE LA GARDE-ROBE :

Non, il est rehaussé d’or et d’argent (il montre l’habit au Roi) regardez la finesse des broderies, c’est très tendance à la Cour d’Espagne et c’est d’une élégance, la reine va a-do-rer.

LE ROI :

Si cela plait à la Reine alors, il ne faut pas hésiter, n’oubliez pas d’ajouter une bonne dose de parfum sur mes vêtements, (il regarde la servante) car il parait qu’il y a une drôle d’odeur ici, vous trouvez vous ?

LE GRAND-MAÎTRE DE LA GARDE-ROBE :

Je ne sens rien, j’ai le nez bouché depuis hier, ce palais est un véritable courant d’air !

LA SERVANTE :

(Gênée et pressée de sortir de la chambre)

Heu…pour le dîner, une idée ?

LE ROI :

(Songeur à haute voix)

Que cela m’arrangerait si son nez pouvait être bouché, à la Reine. 

LA SERVANTE :

(Soulagée) Des bouchées à la reine pour le dîner, c’est parti (elle sort)

LE ROI :

Bien, passons ce justaucorps, qu’on en finisse, j’ai une journée chargée qui m’attend…

NOIR

Musique :