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La Tortue

Durée approximative : 20 minutes

Synopsis :

Le Médecin du Roi rend visite à Jean de La Fontaine car la tortue de ce dernier n’est pas en forme. Cette visite prend une tournure inattendue lorsque la tortue disparaît.

Personnages (X7) :

Jean de La Fontaine

Le Médecin

Bernier

La Duchesse de Bouillon

Huguette la cuisinière

Boileau

Félicité la servante

Décor :

Le salon de la Duchesse de Bouillon, table, chaises, meubles…

Costumes :

Costumes d’époque

ACTE I

DECOR : Salon de la Duchesse de Bouillon, Table(s), Chaises

PERSONNAGES : Le Médecin, La Fontaine, La Duchesse de Bouillon, Bernier, Huguette la cuisinière

Musique :

La Fontaine est seul sur scène avec une boite en carton dans les mains. Il fait mine d’attendre quelqu’un.

Le médecin arrive sur scène.

La Fontaine :

Ah vous voilà enfin !

Le Médecin :

J’ai fait aussi vite que j’ai pu Jean, mais j’étais avec le Roi et vous savez qu’il est prioritaire le Louis.

La Fontaine :

Apprenez que rien ne sert de courir, il faut partir à point voilà tout

Le Médecin :

En ce qui me concerne, partir à point c’est lorsque le Louis le décide.

De qui s’agit-il cette fois-ci ?

La Fontaine :

Je vous ai fait venir pour elle. (Il lui montre l’intérieur du carton)

Le Médecin :

Allons bon, voyons voir ça (Il regarde dans la boite)

Qu’est ce qu’il lui arrive à votre bestiole ?

La Fontaine :

Depuis quelques jours, elle n’a plus d’appétit, elle se traine

Le Médecin :

Mon bon La Fontaine, je suis le médecin du Roi, pas vétérinaire.

Cependant, que votre bestiole se traine, je trouve cela tout à fait normal pour une tortue.

Vous voudriez quoi ? Qu’elle court plus vite qu’un lapin ?

La Fontaine :

Mais pourquoi pas ! En voilà une idée pour une fable, merci !

Le Médecin :

Ne me remerciez pas trop vite, j’ai dit ça comme ça.

Je ne suis pas sûr que votre fable intéresse beaucoup de monde !

La Fontaine :

Ne vous inquiétez pas pour cela, c’est à l’œuvre qu’on reconnaît l’artisan.

J’ai déjà le titre, le lapin et la tortue, ou mieux encore, le lièvre et la tortue.

Le Médecin :

Jean, bon…cela fait plusieurs fois déjà que vous me faites venir pour vos animaux.

La semaine dernière c’était pour votre coq qui était enroué, il y a trois jours pour votre rat qui avait mal aux dents…

La Fontaine :

C’est exact et alors ? Les animaux aussi ont le droit d’être soignés !

Le Médecin :

Bien sûr, mais croyez-vous qu’il soit indispensable que vous ayez tous ces animaux ici avec vous.

La Fontaine :

Absolument, ceux sont eux qui m’inspirent pour écrire mes fables !

Le Médecin :

Certes, Jean, mais vous devriez peut-être essayer d’écrire des fables avec des gens, cela vous éviterez d’avoir une ménagerie à demeure.

La Fontaine :

Des gens dans mes fables ?

Le Médecin :

Des gens, Jean !

La Fontaine :

Mais chaque animal de mes fables représente une personne.

Le Roi par exemple, c’est le lion.

Le Médecin :

Le Roi en lion ?!! (Il rigole) vous le connaissez mal, devant la Reine le Roi c’est plutôt un agneau.

Et la Duchesse ? Elle en pense quoi de tout cela ?

La Fontaine :

La Duchesse de Bouillon ignore que je possède ces animaux.

Si elle le savait, je pense qu’elle les chasserait de chez elle et moi avec.

Le Médecin :

Je peux la comprendre la Marie-Anne.

La Fontaine :

D’ailleurs je compte sur votre discrétion.

Le Médecin :

Ca coule de source La Fontaine, j’ai prêté serment, je suis soumis au secret médical.

La Fontaine :

Tant mieux, parce que je crois l’entendre arriver.

Pas de gaffe. (Il cache la boite dans un coin de la pièce un peu à l’écart ou derrière un meuble ou une chaise)

Le Médecin :

Il peut compter sur moi le Jean, je serais aussi bavard que votre tortue

(La Duchesse de Bouillon et sa cuisinière entrent sur scène)

La Duchesse de Bouillon :

Jean je vous cherchez

La Fontaine :

Que puis-je faire pour vous ?

La Duchesse de Bouillon :

Ce matin en prenant son service Huguette a vu un rat dans la cuisine

Huguette :

Un rat énorme, comme ça (Elle montre son avant bras)

La Duchesse de Bouillon :

Pourriez-vous m’en débarrasser avant qu’il ne mange la nourriture du garde-manger.

La Fontaine :

(Embarrassé) Heu…bien sûr, pas de problème.

Le Médecin :

C’est qu’il va mieux et qu’il n’a plus mal aux dents.

La Duchesse de Bouillon :

Pardon ? Vous dites ? Et que faites-vous ici ?

Vous êtes souffrant Jean ?

La Fontaine :

(Embarrassé)

Heu… c’est-à-dire que…

Le Médecin :

Les dents, il à mal aux dents le Jean !

C’est pour ça que je suis ici.

La Duchesse de Bouillon :

Ah bon ? Je l’ignorais.

Soignez-le bien pour qu’il puisse ensuite s’occuper de ce rongeur indésirable.

Le Médecin :

Elle peut me faire confiance la Marie-Anne, je ne suis pas le médecin du Roi pour rien.

La Duchesse de Bouillon :

C’est parfait, Jean je compte sur vous !

La Fontaine :

C’est comme si c’était fait.

(La Duchesse de Bouillon et Huguette sortent de scène)

Le Médecin :

Le Jean a eu chaud.

Toujours la pêche la Duchesse !

La Fontaine :

Oui, heureusement qu’elle n’a pas vu la boîte avec la tortue.

En attendant, il va falloir que je retrouve mon rat, il a du s’échapper de sa cage.

(Bernier rentre sur scène sur la fin de la réplique)

Bernier :

Mes hommages Messieurs.

La Fontaine :

Bonjour Bernier.

Le Médecin :

Et comment il va le François ?

La forme ça va ? 

Bernier :

Très bien merci.

En arrivant j’ai entendu que vous parliez de cage, auriez-vous l’intention d’organiser une chasse ?

La Fontaine :

Non pourquoi ?

Bernier :

Vous savez que lors de mes nombreux voyages notamment aux Indes, j’ai chassé le tigre à plusieurs reprises.

Et une petite chasse aujourd’hui ne m’aurait pas déplu.

La Fontaine :

Une chasse ! Quelle horreur !

Cependant Bernier puisque vous en parlez, j’aurais un petit service à vous demander.

Bernier :

En quoi puis-je vous être utile ?

La Fontaine :

Pourriez-vous m’attraper un lièvre ?

Bernier :

Un lièvre ? Que je vous attrape un lièvre ? C’est moins glorieux qu’un tigre, mais il n’y a pas de problème.

Ce soir, je vous ramène un lièvre.

La Fontaine :

Merci Bernier !

Je savais que je pouvais compter sur vous.

Bernier :

Ce soir vous avez votre lièvre et demain vous vous régalerez avec, paroles de François Bernier !

La Fontaine :

Me régaler avec ? Non vous ne m’avez pas bien compris !

Le lièvre, vous me l’attrapez VIVANT et vous me l’amenez VIVANT.

Surtout vous ne lui faites pas de mal.

Bernier :

Vivant ? Vous le voulez vivant ? Mais ce n’est plus de la chasse ça !

La Fontaine :

Si justement, c’est très tendance à la cour à Versailles.

Notre Roi Louis XIV ne chasse plus que de cette façon, son médecin ici présent vous le confirmera.

Le Médecin : 

(Embarrassé)

Oh oui…c’est très tendance…le Louis il attrape le gibier ainsi.

C’est une mode qui vient d’Espagne.

Bernier :

C’est très curieux, je ne connaissais pas cette technique de chasse.

Et il en attrape beaucoup ?

Le Médecin :

Beaucoup de quoi ?

Bernier :

De gibier ! Il a attrapé quoi le Roi dernièrement ?

Le Médecin :

Aujourd’hui par exemple, il n’a rien attrapé, par contre il s’est fait attraper.

Bernier :

J’ai du mal à vous suivre.

Le Médecin :

Il s’est fait attraper par la Reine.

Le Roi voulait aller à la chasse mais la Reine l’en a empêché car c’était le jour de son bain.

Bernier :

Le Roi se baigne ?

Quelle drôle d’idée ?

Le Médecin :

A l’instant où nous parlons, le Louis trempe…(En s’adressant à La Fontaine) ou devrais-je dire le lion se baigne.

Bernier :

Soit, si c’est ainsi que le Roi chasse, je relève le défi.

Après tout cela m’occupera un peu cet après-midi.

Le Médecin :

En plus, un peu d’exercice lui fera le plus grand bien au François.

La Fontaine :

Une dernière chose, la Duchesse ne doit pas être au courant pour le lièvre.

Je voudrais lui faire une surprise.

Bernier :

Une surprise ? Je comprends, ne vous inquiétez pas, je serai discret.

La Fontaine :

C’est parfait.

Bernier :

A ce soir La Fontaine, il me faut préparer mes pièges pour le lièvr…heu pour la surprise. (Il fait un clin d’œil à La Fontaine et sort)

Le Médecin :

Décidément Jean vous êtes incorrigible.

Après le rat, le coq, la tortue vous allez récupérer un lièvre.

Et vous allez le cacher où ? Dans un chapeau ?

La Fontaine :

Ne vous inquiétez pas pour ça, je connais bon nombre de cachettes ici.

Le Médecin :

Jean, je vais vous laisser car je n’ai pas fini mes visites.

La Fontaine :

Et pour ma tortue, vous n’avez vraiment rien à me proposer ?

Le Médecin :

Votre tortue va très bien.

Pour qu’elle soit plus rapide, il lui faudrait un remède de cheval, mais je n’en connais pas.

La Fontaine :

Et lorsque le Roi est fatigué, que faites vous ?

Le Médecin :

Lorsque notre bon Roi soleil à moins d’éclat, je lui fais une petite saignée et hop il retrouve de l’éclat.

La Fontaine :

Une saignée ?! Vous ne m’aidez pas beaucoup.

Le Médecin :

Je vous l’ai déjà dit jean, je suis médecin pas vétérinaire.

(Pendant la réplique du médecin, La Fontaine va récupérer sa boîte en carton, regarde à l’intérieur)

La Fontaine :

Non ce n’est pas possible !

(Il regarde à nouveau dans la boîte et tout autour, derrière le meuble ou il avait posé la boîte)

Le Médecin :

Qui a-t-il Jean ?

La Fontaine :

Ma tortue !

Le Médecin :

Quoi votre tortue, elle s’est transformée en lièvre ?

La Fontaine : 

Non, elle a disparu.

Musique :

NOIR (Fin de l’Acte I)