Synopsis :
Jules Verne souhaite pour célébrer la sortie de son roman, faire un tour du monde en 80 jours. Cependant son projet va être contrarié par le renvoi de l’école de son fils Michel. Honorine son épouse souhaite qu’il s’occupe de son fils et annule son voyage. Comment Jules Verne va-t-il faire pour arriver à ses fins ?
Personnages (X6) :
Jules Verne, Albert, Maïté, Honorine, Michel, Pierre Jules Hetzel
Décors :
Libre
Pièce en deux actes
ACTE I
(Albert est sur scène, Jules entre)
JULES VERNE :
Ah vous êtes là mon bon Albert.
ALBERT :
Monsieur me cherche ?
JULES VERNE :
Je viens vous annoncer une grande nouvelle Albert !
ALBERT :
Vous m’intriguez !
JULES VERNE :
Pour célébrer la fin de mon dernier récit, je vous offre des vacances !
ALBERT :
Monsieur est sérieux ?
JULES VERNE :
Absolument ! A partir de la semaine prochaine vous êtes en vacances !
ALBERT :
(Content)
Ça alors ! Merci Monsieur ! Un petit peu de repos me fera le plus grand bien.
JULES VERNE :
Cela vous laisse le temps de préparer vos bagages.
ALBERT :
Mes bagages ? Quels bagages ?
JULES VERNE :
Je vous offre des vacances pour partir en voyage !
ALBERT :
Un voyage ? Mais heu…c’est très gentil, mais pour aller où exactement ?
JULES VERNE :
Partout et nulle part à la fois !
ALBERT :
C’est ou ça ?
J’ai du mal à comprendre !
JULES VERNE :
Je vais vous expliquer.
Le récit que je viens d’achever s’intitule, le tour du monde en 80 jours.
Il raconte les aventures de Phileas Fogg et de Passepartout son fidèle serviteur, lancés dans une course autour du monde.
Pour l’occasion j’ai décidé de faire le même périple que le héros de mon roman.
Et pour que l’aventure soit identique à celle de mon livre, j’ai pensé à vous pour m’accompagner et jouer le personnage de Jean Passepartout.
Qu’en pensez-vous ?
ALBERT :
Vous voulez que je vous accompagne dans…un tour du monde ?!!
JULES VERNE :
Absolument ! Un tour du monde ! Et en 80 jours ! Comme dans mon livre !
ALBERT :
Dois-je rappeler à Monsieur qu’à chaque fois qu’il a voulu faire comme les héros de ses romans, cela s’est mal passé !
JULES VERNE :
Rassurez-vous cette fois tout se passera pour le mieux ! J’ai tout prévu !
ALBERT :
Tout prévu comme les fois précédentes !
Dois-je rappeler à Monsieur qu’a l’occasion de la sortie de son premier récit ; Cinq semaines en ballon, vous avez voulu également faire un voyage de cinq semaines en ballon qui n’a duré que 5…minutes avant de vous écraser au sol, heureusement sans dommage pour Monsieur.
JULES VERNE :
Il s’agissait d’un petit problème de charge, le ballon était trop lourd, rien de bien méchant.
D’ailleurs je le referai mon vol en ballon.
ALBERT :
Et lorsque vous avez été enseveli sous 2 mètres de terre, dans le trou que vous aviez commencé à creuser pour vous diriger au centre de la terre, heureusement que Madame a entendu le bruit de l’effondrement et a donné l’alerte, sinon nous n’aurions jamais pu vous sortir à temps !
Cela aurait pu être votre dernier voyage, non pas au centre de la terre mais sous terre !
JULES VERNE :
Pour ce tour du monde nous voyagerons en trains et en bateaux, que des moyens de transports sûrs !
ALBERT :
Pourquoi voulez-vous à chaque fois vous identifier aux personnages de vos romans ?
S’agissant de récits d’aventures lors de voyages extraordinaires cela n’est pas sans risque.
JULES VERNE :
J’aime pouvoir ressentir ce que mon imagination propose à travers mes écrits, et ainsi apprécier la qualité de mon travail.
Pour écrire un auteur a besoin de s’identifier à ses personnages.
ALBERT :
Peut-être que Monsieur devrait se lancer dans des récits beaucoup moins périlleux ?
JULES VERNE :
Ne soyez pas inquiet Albert, ce périple autour du monde devrait s’apparenter à une simple découverte de pays et de cultures.
ALBERT :
Madame est-elle au courant de votre projet ?
JULES VERNE :
Pas encore Albert.
ALBERT :
Peut-être que Madame pourrait vous accompagner à ma place.
S’agissant d’un voyage des plus paisibles, vous pourriez ainsi en profiter pour partir tous les deux en voyages, en amoureux.
JULES VERNE :
Un voyage en amoureux avec Honorine ? Quelle drôle d’idée !
Oublié cela Albert. Il s’agit d’un roman d’aventures !
Bien il faut que je me sauve, je dois aller porter mon ouvrage chez mon éditeur.
Je vous ferai passer un exemplaire de mon roman, cela vous fera de la lecture durant notre voyage.
(Jules Verne sort de scène)
(La cuisinière Maïté entre)
MAÏTE :
Ça n’a pas l’air d’aller Albert, j’espère que ce n’est pas à cause de ma cuisine ?
ALBERT :
Cela n’a rien à voir avec ta cuisine Maïté.
MAÏTE :
Ouf, j’ai cru que tu n’avais pas digéré la fricassée d’escargots à la purée d’orties d’hier soir.
Qu’est ce qui te contrarie ?
ALBERT :
C’est Monsieur, il a décidé de faire le tour du monde avec moi.
MAÏTE :
Le tour du monde ! Rien que ça ! Décidément, Monsieur ne manque pas d’imagination !
Cela signifie que vous allez être éloignés de la maison un certain temps !
ALBERT :
80 jours, il compte faire son tour du monde en 80 jours !
MAÏTE :
Pour moi cela signifie, moins de cuisine à préparer et donc moins de travail !
Et il compte le faire comment son tour du monde ? A dos d’éléphants ? D’autruches ? En stoppe ?
ALBERT :
Rien de tout ça Maïté, il compte prendre le train et le bateau pour le réaliser !
MAÏTE :
En 80 jours en prenant le train !
Je reconnais bien là, la naïveté de l’imaginaire de Monsieur !
Les trains quand ils ne sont pas en grève ils sont en retard !
Alors faire le tour du monde en 80 jours c’est de la pure utopie.
Comptez plutôt entre 90 et 100 jours au moins.
Je comprends que partir avec Monsieur autour du monde ne te réjouisse pas mais pour moi c’est plutôt une bonne nouvelle.
ALBERT :
Ne me réjouisse pas, le mot est faible, nous savons comment se terminent souvent ses aventures. En plus je suis censé jouer le personnage de son roman, un certain Passepartout !
MAÏTE :
Passepartout ? Et pourquoi pas père Fouras tant qu’on y est !
ALBERT :
Il faut que je trouve un moyen pour ne pas partir avec lui.
MAÏTE :
Vous partez quand ?
ALBERT :
La semaine prochaine.
MAÏTE :
Super ! Heu…pour moi voulais-je dire, plus que les repas de Madame à préparer.
Cela ne te laisse que peu de temps pour trouver une solution.
ALBERT :
Oui mais tu m’as peut-être donné la solution Maïté.
MAÏTE :
Moi ? Comment ?
ALBERT :
Madame, c’est peut-être elle la solution.
C’est la seule personne ici qui peut empêcher Monsieur de faire son tour du monde.
MAÏTE :
C’est vrai que c’est souvent Madame qui a le dernier mot.
Tu comptes t’y prendre comment ?
ALBERT :
Je ne sais pas encore mais le temps presse.
(Honorine entre sur scène)
MAÏTE :
Quand on parle du loup…
HONORINE :
Albert, vous tombé bien, je vous cherchais.
ALBERT :
Décidemment c’est la journée.
HONORINE :
Demain vous irez chercher Michel.
ALBERT :
Il est souffrant ?
HONORINE :
Rassurez-vous Albert il est en pleine forme, c’est moi qui souffre.
ALBERT :
Ne me dites pas qu’il a été…
HONORINE :
Exclus, si Albert !
ALBERT :
C’est la troisième fois cette année ! Ça commence à faire beaucoup non ?
HONORINE :
Oui, exclus de trois écoles en 6 mois !
MAÏTE :
Déjà six mois ! Que le temps passe vite !
Et qu’a-t-il fait cette fois-ci ?
HONORINE :
Boules puantes et poil à gratter.
MAÏTE :
Exclure un enfant pour ça, c’est sévère !
On a tous joué avec du poil à gratter et des boules puantes !
HONORINE :
Peut-être mais lui le poil à gratter et les boules puantes, il les a mis dans le lit du surveillant général !
MAÏTE :
Ah oui, là je comprends mieux.
Il a de l’imagination cet enfant, c’est tout son père !
HONORINE :
Vous avez raison Maïté !
Et comme il ressemble à son père, c’est son père qui va s’en occuper !
ALBERT :
A quelle heure dois-je aller le récupérer ?
HONORINE :
Le plus tôt possible, le directeur voulait que je le récupère aujourd’hui même.
Le surveillant général ne veut plus le voir s’approcher de sa chambre.
MAÏTE :
Il ne peut plus le sentir quoi !
HONORINE :
Demain, lorsqu’il arrive, je le confie à son père, moi je n’en peux plus.
ALBERT :
Hélas, Madame, la chose me semble difficilement réalisable.
HONORINE :
Que voulez-vous dire Albert ?
ALBERT :
Madame n’est pas encore au courant, mais Monsieur part en voyage.
HONORINE :
Encore ? Il a fini un nouveau roman ?
ALBERT :
C’est cela même.
HONORINE :
Et il veut aller ou cette fois-ci ?
Il a déjà essayé de voyager dans les airs, dans l’eau et sous la terre !
De toute façon, même s’il décide de partir sur la lune, il prend son fils avec lui !
MAÏTE :
Au moins là-haut, il pourra jeter toutes les boules puantes qu’il veut ça ne dérangera personne.
ALBERT :
Il ne s’agit pas de la lune heureusement.
Son dernier roman s’intitule Le tour du monde en 80 jours.
HONORINE :
Un tour du monde, rien que ça !
Et pendant que Monsieur voyage autour du monde qui va s’occuper de Michel ?
Non Jules ne partira pas !
Il va s’acquitter de ses devoirs de père et s’occuper de son fils.
Il va mettre son imagination vagabonde de côté et va user de son autorité parentale auprès de Michel qui en a bien besoin.
(En sortant de scène)
Albert, n’oubliez pas d’aller chercher Michel demain matin.
ALBERT :
Bien Madame.
Voilà un voyage qui semble mal embarqué !
MAÏTE :
Partira, partira pas ! Il va falloir se décider.
De deux couverts en moins, je passe à un couvert en plus !
Cela va augmenter ma charge de travail !
Surtout que Michel, il a bon appétit !
NOIR
Musique :
ACTE II
(Honorine est sur scène, Albert entre en se grattant le dos, suivi de Michel)
HONORINE :
(En colère)
Ah te voilà !
J’attends tes explications ?
Quelles sont les raisons qui justifient ce 3ème renvoi ?
MICHEL :
Ce n’est pas de ma faute si on ne m’aime pas dans les écoles ou vous m’envoyez !
HONORINE :
Comment veux-tu être aimé si tu passes ton temps à faire des bêtises.
Il t’avait fait quoi le surveillant général ?
MICHEL :
Il m’avait puni.
HONORINE :
Puni ? Comme c’est étonnant ?
Et pour quelles raisons ?
MICHEL :
Pour bavardages.
Dans cette école nous n’avons même pas le droit de nous exprimer !
HONORINE :
Et tu bavardais où ? Dans la cour ?
MICHEL :
Bien sûr que non, la cour c’est fait pour s’amuser, pas le temps de bavarder !
Non c’était en étude.
HONORINE :
Et tu trouves cela normal de bavarder en étude ?
MICHEL :
Bien sûr ! Je m’ennuie ! Donc je bavarde pour passer le temps.
Et cela ne plaît pas au surveillant général qui veut que je me taise !
C’est vraiment nul !
HONORINE :
On ne t’a pas expliqué que tu devais utiliser ton temps en étude pour faire tes devoirs.
MICHEL :
Si, mais ça aussi c’est nul !
Des devoirs j’en ai tous les jours !
J’ai essayé une fois de les faire pour voir, mais ça m’a déçu, c’est d’un ennui les devoirs !
Depuis je ne les fais plus, c’est inutile !
J’ai essayé de lui expliquer au surveillant général mais il ne m’a pas écouté et m’a puni !
Quand je vous dis qu’on ne m’aime pas !
HONORINE :
(S’adressant à Albert qui continue de se gratter le dos)
Qu’avez-vous à vous agiter ainsi ?
ALBERT :
Il restait du poil à gratter à votre fils, il a cru bon de m’en faire profiter durant le voyage !
HONORINE :
Décidemment Michel, tu es incorrigible !
Albert vient te chercher et c’est ainsi que tu le remercies !
MICHEL :
Je savais qu’en arrivant ici tu me le confisquerais, donc je l’ai utilisé !
Il m’en restait très peu, juste un poil !
ALBERT :
Une chance pour moi qu’Il ne lui restait plus de boules puantes !
(Maïté entre sur scène)
MAÏTE :
Tiens, il est là le pitchoun !
Je trouve qu’il a grandi depuis la dernière fois !
Par contre il n’est pas très épais !
Il te donne à manger au moins dans ton école ?
MICHEL :
Oui mais c’est pas bon !
MAÏTE :
Je m’en doutais ! Viens avec moi, Maïté va arranger ça !
Il me reste un peu de tarte au boudin.
Tu vas voir, c’est autre chose que ta cantine !
Tu vas te régaler !
(Maïté et Michel sortent de scène)
HONORINE :
Il est grand temps que Jules s’occupe de son fils !
ALBERT :
Si Madame le permet, je vais me retirer et essayer de me débarrasser de ce poil à gratter.
HONORINE :
Bien sûr Albert !
(Albert sort de scène)
(Jules Verne et son éditeur entrent sur scène)
PIERRE:
Mes hommages Honorine.
HONORINE :
Bonjour Pierre
JULES :
Honorine, vous tombez bien, j’ai une nouvelle à vous annoncer !
HONORINE :
Vous ne croyez pas si bien dire Jules, moi aussi j’ai une nouvelle à vous annoncer !
JULES :
La mienne d’abord si vous le permettez car elle est d’une grande importance !
Pour célébrer la fin de mon tout dernier roman que je viens de porter à Pierre, je pars en voyage dans deux jours, faire le tour du monde en 80 jours !
Comme Philéas Fogg, le héros de mon récit.