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Les Amis c’est fait pour ça !

SYNOPSIS :

Des études révèlent que de nombreuses séparations se déroulent après les fêtes de fin d’année. Nathalie et Franck sont de ceux-là. Heureusement que Michel, leur meilleur ami est là pour essayer de sauver le couple. Mais cette attitude fort louable cache en réalité, une raison qui l’est beaucoup moins.

Dans cet appartement le mensonge et la tromperie règnent sans partage.

PERSONNAGES :

Nathalie, Franck, Michel, Laurence

DECOR :

Salon d’un appartement, canapé, fauteuils, table, chaises…

Pièce en 1 acte

Durée 1 heure

Musique de fin : Les amis c’est fait pour ça d’Enrico Macias

ACTE I

(Nathalie rentre sur scène avec son téléphone portable)

NATHALIE :

(Au téléphone)

Oui à vous aussi, une très bonne année…et la santé surtout…(Franck rentre à son tour sur scène, enlève sa veste)…et du bonheur aussi bien sûr… Franck va très bien oui… il vous embrasse aussi…oui on se voit très bientôt…je vous rappelle…je t’embrasse maman…oui moi aussi…embrasse papa aussi…et encore bonne année.

(Elle raccroche)

FRANCK :

(Il s’assoit sur le canapé)

Que du bonheur, il va très bien, tu parles !

NATHALIE :

Tu voulais que je leur dise quoi ?

Non, non, pas de bonheur pour nous cette année, on se sépare !

Comment va Franck ? Il fait la gueule !

Excuse-moi de vouloir préserver mes parents le 1er Janvier.

FRANCK :

Au moins tu aurais dit la vérité, mais c’est vrai, j’avais oublié que le 1er Janvier, la tradition veut que l’on ne dise que des mensonges.

NATHALIE :

Pourquoi dis-tu cela ?

FRANCK :

Parce qu’on commence toujours l’année par mentir, c’est la tradition !

Bonne année, bonne santé, que du bonheur… alors qu’en vérité neuf fois sur dix, qu’est-ce qu’on s’en fout du bonheur des autres.

Tiens le voisin du 3ème, lorsqu’ on va le croiser on va se sentir obliger de lui souhaiter une bonne et heureuse année.

NATHALIE :

Bien sûr, pourquoi ? Il t’a fait quelque chose ? On le connait à peine.

FRANCK :

C’est justement ça, on ne le connait pas.

On se croise quand on part travailler, 5 secondes à peine.

Qu’est-ce qu’on s’en tamponne de savoir s’il est heureux ou pas et la réciproque est vraie.

Tu crois qu’il va être contrarié lorsqu’il apprendra pour nous. Il n’en aura rien à faire et il aura raison.

NATHALIE :

Tu as vraiment du mal avec les traditions en ce moment, tu es en pleine période de révolte contre la société.

Tu devrais peut-être songer à aller vivre au fin fond de la Creuse, en totale autarcie, hors de cette société ancrée à ses traditions.

Tu serais une sorte de Robinson Creusoé….

FRANCK :

Vas-y rigole, en tout cas à choisir,  je préfère vivre dans le trou du cul du monde que dans un monde de trous du cul.

Après faut pas s’étonner de vivre dans un monde aussi hypocrite.

Chaque année à la même période, dès ton plus jeune âge, on t’apprend à mentir.

Avec de telle pratique un jour le mensonge deviendra une discipline olympique.

NATHALIE :

Tant mieux, comme ça la France aura plus de médailles.

FRANCK :

Pour ta gouverne, je n’ai aucun problème avec les traditions, je souligne juste que la période des vœux correspond de manière générale, à un pic de l’hypocrisie.

Tiens, on devrait faire comme avec les voitures pour limiter la pollution.

Durant le mois de janvier on devrait limiter les vœux. Ne les souhaiter qu’à une personne sur deux, ça réduirait le pic.

A bien y réfléchir on pourrait le faire également en Février pour la Saint Valentin, là aussi le taux d’hypocrisie doit atteindre des sommets !

NATHALIE :

Tu parles à titre personnel sans doute.

Pour quelqu’un qui n’a rien contre les traditions, tu t’opposes aux vœux, à la Saint Valentin, au repas de noël.

Tu n’as rien pour mars, comme ça on se fait toute l’année.

FRANCK :

Maintenant que tu me le dis, si, en Mars aussi avec la journée de la Femme.

Tu trouves ça normal toi, qu’il y ait une journée de la femme comme il existe une journée du thé ou une journée sans portable ?

NATHALIE :

Ce n’est pas la journée de la Femme, mais la journée de lutte pour les droits de la femme, c’est différent.

Ce n’est pas une journée pour nous offrir des fleurs non, mais pour rappeler que nous avons des droits au même titre que les hommes et qu’il faut les respecter.

A bon entendeur.

FRANCK :

Et alors qu’est-ce que ça change ? C’est tout aussi hypocrite !

Une journée dans l’année pour défendre vos droits et 364 journées à vous les faire bafouer, en matière de parité, on a déjà fait mieux !

Par contre, je tiens à préciser que je n’ai rien contre les repas de Noël lorsqu’ils sont bons.

C’est juste le tien que j’ai du mal à digérer, surtout ton chapon.

NATHALIE :

Quoi mon chapon ? Tout le monde l’a trouvé très bon mon chapon.

FRANCK :

 Il faut reconnaitre que dans ta famille ou ils sont très polis ou alors ils n’avaient jamais mangé de chapon auparavant.

NATHALIE :

Ou c’est toi qui n’es jamais content

FRANCK :

Jamais content, moi ?

Pas besoin de s’appeler Cyril Lignac pour se rendre compte que ton chapon n’était pas cuit, il n’était pas fondant mais plutôt croquant.

Le chapon c’est de la viande blanche certes, mais cela ne veut pas dire qu’il faut la manger crue.

NATHALIE :

Tu dis n’importe quoi, j’ai suivi scrupuleusement la recette du « chapon à ma façon ».

FRANCK :

Peut-être mais elle date de quand ta recette du « chapon à ma façon » ?

Certainement d’avant la découverte du feu.

Et les marrons entiers dans le chapon, tu ne crois pas qu’il aurait fallu les mixer et les mélanger à de la farce. 

Chapon à ma façon…façon de te rendre malade oui.

Décidément, tu les collectionnes, après la dinde de l’année dernière.

NATHALIE :

Ma dinde à présent. Elle n’était peut-être pas cuite ma dinde ?

FRANCK :

Ah si, ce serait mentir que de dire le contraire.

NATHALIE :

Alors, c’est quoi le reproche ?

FRANCK :

Faire cuire la dinde de Noël façon poule au pot, il fallait oser.

Même Henry IV, il n’y avait pas pensé.

NATHALIE :

Ou c’est trop cuit ou c’est trop cru, tu n’es jamais content, c’est bien ce que je dis.

FRANCK :

En tout cas, moi au moins j’ai le sourire lorsque j’ouvre mes cadeaux de Noël, ce n’est pas le cas de tout le monde.

NATHALIE :

Comment peux-tu dire ça, moi aussi je suis contente d’ouvrir mes cadeaux.

FRANCK :

Regarde les photos, tu changeras d’avis. Si tu me dis que tu es contente lorsque tu découvres mon cadeau, c’est que tu caches bien ta joie, même trop tu ne devrais pas.

NATHALIE :

Ah tu parles de ton cadeau, là c’est différent !

FRANCK :

Pourquoi c’est différent ? C’était un cadeau comme les autres.

NATHALIE :

A cadeau spécial, réaction spéciale.

FRANCK :

Comment ça cadeau spécial ?

Il ne t’a pas plu mon cadeau ?

NATHALIE :

Plu ? Comment pourrait-on, après 15 ans de vie commune, ne pas être ravie de recevoir en cadeau, de la part de son mari, « les bons plans anti cellulite ».

Il faudrait vraiment être difficile.

D’ailleurs ça ne se voit peut-être pas sur la photo, mais j’ai failli grimper au rideau tellement j’étais contente.

FRANCK :

Toi qui adore lire, je pensais qu’un livre te ferait plaisir.

Mais apparemment je me suis trompé, si j’avais su je t’aurais offert un coffret de tournevis.

Si tu veux, je peux l’échanger contre un livre de cuisine avec la recette du chapon de Noël, ça pourrait sauver des vies à l’avenir.

Et après on dit que c’est moi qui ne suis jamais content !

NATHALIE :

Tu as raison sur un point, oui, j’adore lire.

Un bon livre je peux le « dévorer » en deux jours, il n’y a aucun problème.

FRANCK :

Merci de le reconnaitre, en plus celui-là, tu peux le « dévorer » plusieurs fois si tu veux, il ne te fera pas grossir.

 (On sonne à la porte)

J’y vais.

(Il sort de scène puis revient avec Michel qui a une bouteille de champagne à la main)

MICHEL :

Bonne et heureuse année les tourtereaux !

(En embrassant Nathalie)

Bonne année Nathalie.

NATHALIE :

Bonne année à toi aussi Michel.

FRANCK :

(En s’embrassant avec Michel)

Les tourtereaux, les tourtereaux, après 15 ans de mariage, nous sommes plus proches des tourteaux que des tourtereaux !

Bonne année Michel.

MICHEL :

(En embrassant Franck)

Bonne année Franck. Que du bonheur pour cette nouvelle année.

FRANCK :

C’est ça, que du bonheur, mais pas ensemble alors.

MICHEL :

Toujours le mot pour rire.

(En ouvrant la bouteille)

Allez, sors les verres et trinquons à cette nouvelle année.

FRANCK :

Je vais chercher les verres.

(En sortant de scène)

Ne gâchons pas ce champagne.

MICHEL :

Dis, c’est moi ou il a l’air bizarre Franck ?

NATHALIE :

Non ce n’est pas toi.

MICHEL :

Qu’est ce qu’il a ?

NATHALIE :

En fait il ne plaisantait pas !

MICHEL :

Comment ça, il ne plaisantait pas ?

NATHALIE :

Nous avons décidé de nous séparer

MICHEL :

Vous séparer ? C’est une blague ?

NATHALIE :

Pas du tout, il n’y a rien de plus vrai.

La boucle est bouclée. Nous avons fait le tour de notre histoire.

On continue notre chemin mais chacun de notre côté.

Et j’ai le sentiment que le moment est enfin venu pour que mon chemin rejoigne le tien.

MICHEL :

Houlà, houlà, doucement, évitons les raccourcis.

NATHALIE :

Mais non justement prenons-les les raccourcis, nous n’aurons plus à nous cacher.

On pourra enfin vivre ensemble !

MICHEL :

Non mais tu ne te rends pas compte, faire ça à Franck !

Moi son meilleur ami !

Tu me prends pour qui ?

NATHALIE :

Mais pour ce que tu es Michel, son meilleur ami qui couche avec sa femme.

MICHEL :

Coucher de temps en temps c’est une chose, mais piquer la femme de son pote c’est autre chose.

NATHALIE :

Deux fois par semaines depuis 1 an, c’est un peu plus que de temps en temps non ?

MICHEL :

1 an déjà ? Comme le temps passe vite !

Mais enfin, ce n’est pas parce que tu trompes ton mari qu’il faut que tu te sépares !

Tu imagines, si tout le monde faisait comme toi !

NATHALIE :

On se sépare au bout de 15 ans de vie commune, cela arrive, il n’y a rien de très étonnant.

Dans un couple on parle souvent du cap des 7 ans, difficile à passer. Nous, nous aurons fait mieux.

Après que moi je me console dans tes bras, c’est du classique.

Les amis, c’est fait pour ça non !

MICHEL :

Les amis, c’est fait pour ça, c’est fait pour ça, c’est fait pour aider oui, pas pour détruire.

Je veux bien dépanner, mais je ne veux pas briser votre couple.

Vous allez si bien ensemble.

NATHALIE :

Dépanner ? ! !

Mais tu me prends pour une bagnole ou quoi ?

Tu te crois dans une pub ?

Attention ! Un petit problème avec votre mari, un impact dans votre couple, même tout petit, peut briser votre couple.

Alors n’attendez pas que cela arrive prenez rendez-vous avec Michel, il vous dépannera en moins de trente minutes.

Michel répare, Michel remplace !

(Franck revient sur scène sur la dernière réplique avec des verres à la main qu’il pose sur la table)

FRANCK :

Tu as un problème avec ta voiture Michel ?

MICHEL :

Heu… non, non

NATHALIE :

Il me disait juste qu’il avait une âme de dépanneur.

FRANCK :

Je confirme, tu m’as prouvé à plusieurs reprises que je pouvais compter sur toi.

Tu ne m’as jamais déçu.

MICHEL :

C’est normal, depuis le temps qu’on se connait !

NATHALIE :

C’est vrai, tu es toujours prêt à donner un coup…de main !

MICHEL :

Justement, Nathalie, m’a dit pour vous.

FRANCK :

C’est la période des bonnes résolutions et nous, nous avons pris la nôtre, nous nous séparons.

MICHEL :

Je ne peux pas y croire, je suis persuadé que cela va s’arranger.

FRANCK :

Mais bien sûr que cela va s’arranger Michel, ne t’inquiète pas.

MICHEL :

(Soulagé)

Ah bon, parce que j’ai vraiment cru un instant que vous alliez réellement vous séparer.

(En s’adressant à Nathalie)

Tu vois, j’avais raison, ça va s’arranger.

FRANCK :

Ça va s’arranger parce qu’on va se séparer, Michel !

D’ailleurs je propose que nous trinquions à notre séparation.

NATHALIE :

Oui trinquons à notre séparation et à Michel, notre meilleur ami sur lequel nous pouvons toujours compter !

(Franck ouvre la bouteille et verse la boisson dans les verres)

MICHEL :

Mais enfin, comment en êtes-vous arrivés là ?

NATHALIE :

Le temps, mon bon Michel, c’est le temps, la routine qui finit par s’installer et user le couple.

C’est vrai que toi tu ne peux pas comprendre, au rythme de tes conquêtes, la routine n’a pas le temps de s’installer.

FRANCK :

(Il boit une gorgée de son verre)

Je crois que c’est toi qui a raison Michel, que des aventures éphémères, comme ça, pas le temps de s’accrocher, de se lasser.

NATHALIE :

Oui juste des aventures de temps en temps, pour dépanner.

MICHEL :

Mais vous n’avez rien vu venir ?

FRANCK :

Comme l’a justement dit le philosophe, Jean Claude Van Damme, si tu veux, entre nous au début, un plus un ça ne faisait pas deux, mais un. C’était l’osmose, nous partagions tout.

Puis avec le temps arrive la lassitude,  nous partageons de moins en moins de choses ensemble.

Bref, l’arithmétique reprend le dessus, et tu t’aperçois que un plus un égal bien deux.

NATHALIE :

C’est vrai que nous ne partageons plus grand-chose ensemble, même sur les programmes télé, nous ne sommes pas d’accord chacun regarde le sien, moi sur la télé et lui sur l’ordinateur. Il n’y a guère qu’au repas que nous sommes encore ensemble.

FRANCK :

Tu te rends compte, la seule chose qui nous relie, c‘est sa cuisine, c’est pour te dire ou nous en sommes arrivés !

Non nous n’avons plus rien à nous dire c’est aussi simple que ça.

NATHALIE :

(Elle boit une gorgée)

Là, tu exagères, nous avons encore des choses à nous dire

MICHEL :

Tu vois, Nathalie, a encore des choses à te dire.

Parfois il suffit d’un souffle pour ranimer la flamme de la passion.

FRANCK :

C’est vrai Michel, mais là, il s’agit plutôt d’un vent de reproches qui attise le feu de la dispute.

NATHALIE :

Parce que toi tu ne m’en fais pas des reproches peut-être ?  

Avant que tu n’arrives, il me disait que mon repas de Noël avait été pourri.

FRANCK:

Comme tu exagères, pas tout ton repas.

MICHEL :

Ah tu vois, tu exagères.

FRANCK :

Le saumon fumé était très bon, en même temps tu ne l’avais pas cuisiné.

Non, là où ça se complique c’est quand tu dois cuisiner, comme pour le chapon.

MICHEL :

Vous n’allez quand même pas me faire croire que vous vous séparez à cause d’un chapon ?

NATHALIE :

Non pas seulement, c’est un tout.

FRANCK :

Si tu avais gouté au chapon tu changerais d’avis.

NATHALIE :

On pourrait aussi parler du superbe cadeau de Noël que tu m’as fait.

FRANCK :

Inutile, Michel n’aime pas lire.

MICHEL :

Mais enfin ce ne sont que de petites querelles comme tous les couples en connaissent.

Cela ne mérite pas de tirer un trait sur quinze années de vie commune et de bonheur.

NATHALIE :

Qu’est-ce que tu connais des querelles de couple toi ?

Ton record de vie en couple c’est combien ?

Un mois, peut-être deux maximums et encore.

FRANCK :

Elle a raison, tu manques d’expérience dans ce domaine.

NATHALIE :

Tu pourras donner ton avis lorsque tu auras vécu une vraie relation, intense, sincère, passionnée, durable.

FRANCK :

Pour cela, il faudrait qu’il trouve la bonne personne.

NATHALIE :

Mais il a peut-être déjà trouvé, qui sait ?

FRANCK :

Ça m’étonnerait, le jour où ça arrivera, j’en serais le premier informé !

NATHALIE :

Peut-être que je le saurais avant toi.

MICHEL :

Stop, on se calme ! Pas la peine de vous disputer aussi pour ça.

Ce n’est pas ça le plus important.

NATHALIE :

(Vexée)

Merci !

FRANCK :

Merci ? Pourquoi tu lui dis merci ?

NATHALIE :

Je lui dis merci de nous éviter une dispute !

FRANCK :

Tu as raison, prends ton temps avant de choisir, réfléchis bien, car une fois qu’il y a  deux brosses à dents à la salle de bain, c’est trop tard.

MICHEL :

Je suis sûr qu’il ne s’agit que de petites turbulences passagères, que cela va s’arranger et que tout va repartir comme avant.

NATHALIE :

Comme avant ? N’y compte pas !

MICHEL :

Vous êtes prêts à tout abandonner, à commencer par cet appartement, superbement situé, que vous avez entièrement redécoré ensemble.

FRANCK :

Ne t’inquiète pas, moi l’appart je suis prêt à le garder.

NATHALIE :

Mais moi aussi j’aimerais le garder.

Pourquoi ce serait toi qui le garderait ?

FRANCK :

Parce que c’est moi qui ai passé des week-ends entiers à le retaper pour qu’il ressemble à ça.

D’ailleurs Michel peut confirmer, il m’a souvent filé un coup de main.

MICHEL :

Vous voyez, c’est bien ce que je vous disais, la séparation ce n’est pas la bonne solution.

Vous n’êtes déjà pas d’accord pour l’appartement.

FRANCK :

Pourtant il va bien falloir trouver une solution, car le principe de la séparation, c’est de ne plus vivre ensemble, non ?

NATHALIE :

La solution c’est que tu te trouves un autre appart à retaper.

FRANCK : 

Pas question.

Tu n’as qu’à aller t’installer chez tes parents, je suis sûr qu’ils en seront ravis.

En plus ils pourront profiter de tes talents de cuisinière.

NATHALIE :

Et pourquoi ce ne serait pas toi qui retournerais chez les tiens ?

FRANCK :

Parce que je te rappelle que mes parents vivent à 700 kms d’ici et que faire le trajet tous les jours pour venir travailler risque de poser problème.

Mais si tu ne veux pas empoisonner tes parents avec ta cuisine, va t’installer chez une copine.

A condition qu’il y en ait une qui te supporte.

NATHALIE :

Mes copines sont toutes en couples, je ne vais pas débarquer comme ça dans leur vie.

MICHEL :

Croyez-moi, la solution la plus simple c’est de vous réconcilier, vous oubliés vos petits différends et ensemble vous repartez sur de nouvelles bases.

On en reparle dans six mois et là, vous me direz : « Michel c’est toi qui avez raison ! ».

FRANCK :

Michel, bien sûr ! C’est ça la solution !

MICHEL :

Mais bien sûr, que c’est ça, je vous connais, vous êtes faits l’un pour l’autre.

Dans six mois vous me direz merci.

FRANCK :

On ne va pas attendre aussi longtemps pour te dire merci.

Michel pourrais-tu nous rendre ce petit service ?

MICHEL :

Heu…je ne comprends pas, quel service ?

FRANCK :

Loger Nathalie chez toi, en attendant qu’elle trouve quelque chose.

Juste pour la dépanner temporairement.

NATHALIE :

En voilà une idée, je n’y avais même pas pensé !

Mais je ne voudrais surtout pas déranger !

Même si je sais que Michel est toujours prêt pour dépanner.

MICHEL :

(Embarrassé)

Heu…c’est-à-dire que…chez moi…en ce moment ce n’est pas possible.

FRANCK :

N’ai pas peur, tu ne sauras pas obliger de manger sa cuisine. C’est juste le temps qu’elle trouve un appart.

Comme vous vous connaissez bien, la cohabitation devrait être facile.

NATHALIE :

Ca pour bien se connaître, on se connaît bien !

Nous n’avons plus de secret l’un pour l’autre.

MICHEL :

Si justement et c’est pour cela qu’il ne m’est pas possible de t’accueillir chez moi.

FRANCK :

Toi, tu as quelqu’un !

MICHEL :

(Gêné)

Heu…c’est un peu ça !

NATHALIE :

(Surprise en élevant la voix)

Tu as quelqu’un d’autre dans ta vie ?

FRANCK :

Pourquoi quelqu’un d’autre ?

NATHALIE :

(Hésitante)

Heu, je veux dire d’autre… que nous… dans sa vie !

FRANCK :

Encore une bonne nouvelle, décidément c’est la journée !

Et ça fait longtemps que vous êtes ensemble ?

MICHEL :

Bientôt sept mois

NATHALIE :

Sept mois ?! Quelle santé !

FRANCK :

Sept mois ! C’est ton record non ? C’est sérieux alors !

NATHALIE :

Quel goujat !

FRANCK :

Goujat ? Pourquoi goujat ?

NATHALIE :

Goujat de nous l’avoir caché depuis tout ce temps, moi qui croyais qu’on se disait tout.

FRANCK :

Mais il a le droit d’avoir ses petits secrets, comme toi et moi.

MICHEL :

En fait je venais vous l’annoncer, mais bon vu la situation entre vous, ça tombe mal.

NATHALIE :

Pour tomber mal, ça tombe mal et c’est rien de le dire.

FRANCK :

Mais non, nous n’allons pas te gâcher un pareil moment, toi qui, je suis sûr, se faisait un plaisir de nous le dire.

NATHALIE :

Un plaisir oh combien partagé.

FRANCK :

Et tu comptes nous la présenter quand ? Cette perle rare.

MICHEL :

Heu, très bientôt.

NATHALIE :

Tu nous à suffisamment fait de cachoteries. Je meurs d’impatience de rencontrer cette pouf…heu cette perle rare.

(On sonne à la porte)

(Nathalie sort de scène et revient avec Laurence la voisine du dessous)

NATHALIE :

Laurence, je te présente Michel notre meilleur ami, enfin jusqu’à encore un quart d’heure !

MICHEL :

Mais nous nous connaissons déjà.

FRANCK :

Ah bon ?

LAURENCE :

Oui, nous nous sommes rencontrés lors de ta soirée d’anniversaire, au mois de juin dernier.

FRANCK :

Mais oui bien sûr, j’avais déjà oublié.

En même temps, c’était l’année dernière (Il se met à rigoler en se forçant)

NATHALIE :

Tu remarqueras Laurence qu’avec la nouvelle année, Franck, n’a pas perdu son humour balourd !

LAURENCE :

(En embrassant Michel)

Tous mes vœux pour cette nouvelle année Michel.

MICHEL :

A toi aussi Laurence, que du bonheur.

LAURENCE :

(En embrassant Franck)

Bonne année Franck

FRANCK :

A toi aussi Laurence une excellente année, pleine d’amour !

NATHALIE :

(En s’adressant à Franck)

N’en fait pas trop ! Gare aux traditions Robinson Creusoe !

LAURENCE :

(Elle tourne le dos à Franck et Michel pour embrasser Nathalie)

FRANCK :

(S’adressant à Michel, en regardant le bas du dos de Laurence)

Je reconnais bien là ton côté physionomiste Michel !

Tu n’oublies jamais un visage toi !

LAURENCE :

(En embrassant Nathalie)

Je te souhaite une bonne année Nathalie, pleine de bonnes surprises !

NATHALIE :

En ce qui concerne les surprises, j’avoue qu’elle part pas mal !

Bonne année à toi aussi Laurence.

Je te souhaite que des bonnes choses et qui sait, peut être que ce sera l’année ou tu vas trouver l’âme sœur.

FRANCK :

Mais on lui souhaite !

(Le téléphone de Nathalie sonne)

NATHALIE :

Excusez-moi c’est ma mère.

Allo Maman…comment ? Comment j’ai fais quoi ?…comment j’ai deviné que c’était toi qui m’appelais ?… Mais parce que ton numéro est enregistré dans mon téléphone et qu’à chaque fois que tu appelles sur l’écran s’affiche « maman » donc je sais que c’est toi…Mais non je ne suis pas une voyante…Mais non je ne te donnerai pas les numéros du loto… mais parce que je ne les connais pas Maman tout simplement !

FRANCK :

Belle-maman a beaucoup de mal à saisir toutes les subtilités du téléphone portable.

NATHALIE :

Tu me rappelles pourquoi ?

La recette de mon chapon…pour tata Huguette qui voudrait la faire…

(En regardant Franck d’un ton fier) Mais bien sûr que je vais te la donner…oui nous nous sommes TOUS régalés absolument…attends j’ai la recette à la cuisine, je vais te la donner.

(Nathalie sort de scène)

FRANCK :

(Pendant que Nathalie sort)

C’est ça, va lui donner à la cuisine, au moins nous ne seront pas complices de l’assassinat par empoisonnement de tata Huguette !

 FRANCK :

Ça y est Laurence, avec Nathalie nous nous séparons, c’est décidé.

MICHEL :

As-tu vraiment besoin de le dire à tout le monde ? On dirait que tu annonces que tu as gagné au loto.

FRANCK :

C’est presque pareil, je n’ai pas gagné le gros lot mais ma liberté et pour Laurence et moi, cela change tout.

MICHEL :

Pour Laurence et toi ? Je suis perdu !

FRANCK :

Je ne t’en ai jamais parlé, mais voilà, il y à 10 mois avec Laurence, nous avons eu une aventure.

MICHEL :

(En regardant Laurence)

Une aventure avec Laurence ?!

LAURENCE :

Une aventure c’est un bien grand mot.

Un soir, nous nous sommes rencontrés en bas de l’immeuble, il m’a invité à boire un verre, Nathalie était en séminaire avec sa boîte. On a discuté un peu, bu beaucoup et ce qui devait arriver est arrivé.

Mais le lendemain c’était fini.

Bref, une aventure sans lendemain.

Tu sais ce que sais Michel, c’est la vie de célibat.

MICHEL :

Oui, c’est du passé.

FRANCK :

Du passé, qui du fait du présent pourrait redevenir d’actualité dans le futur.

Et pour cela, j’ai besoin de toi Michel.

MICHEL :

Tu nous refais « Retour vers le futur » ou quoi ?

J’ai du mal à te suivre dans ton voyage à travers le temps.

Qu’attends-tu exactement de moi ?

LAURENCE :

J’avoue que moi aussi je suis perdue.

FRANCK :

Voilà, j’ai besoin que tu héberges Nathalie, afin que je puisse reprendre avec Laurence ce que nous avions débuté il y a 10 mois.

Michel tu es mon meilleur ami, tu peux me rendre ce service ?

Les amis c’est fait pour ça non ?

LAURENCE :

Heu, ce qui s’est passé il y a 10 mois, c’était il y a 10 mois et depuis…

FRANCK :

Depuis je n’ai pas oublié cette nuit, et je suis sûr que toi aussi tu t’en souviens.

LAURENCE :

A vrai dire, je me souviens que nous avions pas mal bu, ça oui.

Mais pour le reste, c’est le trou noir.

MICHEL :

Tu es en train de me dire, que tu te sépares de Nathalie, pour Laurence ?

FRANCK :

Oui et c’est pour ça que j’ai besoin que tu héberges Nathalie.

MICHEL :

Mon pauvre Franck, c’est justement parce que je suis ton ami, que je vais répondre non à ta demande.

FRANCK :

Là c’est moi qui ne comprends pas !

MICHEL :

Je ne vais pas héberger Nathalie, car tu ne vas pas quitter Nathalie pour Laurence.

FRANCK :

Et pourquoi donc ?

MICHEL :

Laurence je te laisse poursuivre.

LAURENCE :

Avant que tu me coupes la parole, je te disais que depuis notre nuit passée ensemble il y a 10 mois, j’ai rencontré quelqu’un.

FRANCK :

Rencontré quelqu’un ? Mais à chaque fois que je t’ai croisée, tu étais seule.

Dans cet immeuble tout le monde connait tout le monde et je n’ai jamais croisé d’inconnu dans les escaliers.

Alors, tu as rencontré l’homme invisible ?

LAURENCE :

Peut-être que ce n’est pas un inconnu.

FRANCK :

Quelqu’un de l’immeuble ! Le voisin du 3ème peut-être ? Non pas lui !

MICHEL :

Arrête de te torturer l’esprit avec ça et réfléchis plutôt à comment te réconcilier avec Nathalie.

FRANCK :

Avoue que c’est troublant, et en plus je le connais !

Mais j’y pense, toi tu étais au courant ! Comment est-ce possible ?

(Nathalie revient sur scène)

NATHALIE :

Ça y est j’ai donné la recette à tata Huguette.

FRANCK ::

Dommage, je l’aimais bien tante Huguette !

NATHALIE :

Bon tu ne vas pas nous faire tout un plat avec mon chapon si ?

De quoi parliez-vous avant que je n’arrive ?

FRANCK :

Laurence était en train de dire qu’elle sortait avec le voisin du 3ème.

NATHALIE :

Le voisin du 3ème ?

On le connait à peine, ce sera l’occasion de faire sa connaissance et ça fait longtemps ?

LAURENCE :

Mais non, je ne le connais pas plus que vous.

NATHALIE :

(En s’adressant à Franck)

Ben alors qu’est-ce que tu racontes ?

FRANCK :

Laurence vient de m’annoncer qu’elle sortait avec quelqu’un de l’immeuble, donc j’ai pensé au voisin du 3ème puisqu’il vit seul.

MICHEL :

Bien, écoutez-moi. Je vous ai dit tout à l’heure que j’avais quelqu’un dans ma vie.

NATHALIE :

Oui ça je ne l’ai pas oublié, ne t’inquiète pas.

FRANCK :

Ah oui, c’est vrai toi aussi, décidemment c’est contagieux.

MICHEL :

Et cette personne, je comptais vous la présenter aujourd’hui.

FRANCK :

Ah bon et quand aujourd’hui ?

MICHEL :

Heu… maintenant

FRANCK :

Ah bon maintenant ? Elle attend en bas de l’immeuble ?

Non tu n’as pas fait ça !

MICHEL :

Mais non rassure toi elle n’attend pas devant l’interphone.

NATHALIE :

Mais alors ou est-elle ?

LAURENCE :

Je suis là

FRANCK :

Toi ?!!

NATHALIE :

(En s’adressant à Michel)

Elle ?!!

MICHEL :

Oui c’est bien elle.

FRANCK :

Laurence…avec Michel…ça alors…

NATHALIE :

Si on m’avait dit…Michel avec Laurence…

FRANCK :

Et depuis sept mois…ça alors…

NATHALIE :

C’est incroyable tout de même qu’avec le nombre de célibataires qu’il y a dans cette ville, il faut que vous vous mettiez en couple !

Toi Michel, mon meilleur ami avec Laurence ma meilleure amie !

FRANCK :

C’est vrai que c’est assez dingue.

Mais ça c’est passé quand ?

Ce n’est pas à ma soirée d’anniversaire, sinon je l’aurais remarqué.

NATHALIE :

Parce que toi, tu remarques ce genre de chose alors ? C’est nouveau !

FRANCK :

Evidemment !

Sache qu’en ce qui concerne les relations et les liens entre les personnes, je possède une sorte de sixième sens !

NATHALIE :

Un sixième sens ?!

Rien que ça !

Mais c’est nouveau ce sixième sens ?

Tu l’as depuis quand ?